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12 juillet 2011

Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (1/3)

La mémoire désigne l’ensemble des souvenirs d’une expérience vécue par un individu ou une communauté. La mémoire qui reconstruit le passé est nécessairement partielle tandis que l’histoire, à la recherche de l'objectivité, est la connaissance du passé des hommes. Selon Pierre Nora, « l’histoire rassemble, la mémoire divise ».
La Seconde Guerre mondiale qui se déroule de 1939 à 1945 continue d'être perçue différemment selon les époques et les lieux. En France, la mémoire de ce conflit continue d'être l'objet de lutte autour de la collaboration et de la résistance.
On peut donc se demander quels sont les souvenirs gardés par les Français et quelle est l'Histoire de cette mémoire liée à la Seconde Guerre mondiale ?


I – 1945 : faire de la France un pays vainqueur


Général De Gaulle, Discours de l'hôtel de ville, 25 Août 1944, Paris

En 1945, l’image d’une France unie et résistante apparaît. Durant la guerre, une grande partie de la population française a soutenu le maréchal Pétain plus par confiance envers le vainqueur de Verdun (c’est le « maréchalisme ») que par adhésion à la politique du régime de Vichy.
Dés août 1944, De Gaulle célèbre la France combattante. Le sentiment patriotique, la volonté de vaincre et de résister semblent alors unir les Français. Le 11 novembre 1944, l’unanimité se manifeste dans le deuil des sacrifiés et dans l’hommage aux combattants, la commémoration permet de sceller un nouveau pacte national.
La Libération est marquée par des scènes de liesse. Le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) est censé représenter toutes les tendances de la résistance.

Une image erronée de la déportation émerge. Au retour des camps, la difficulté de décrire l'univers concentrationnaire et la honte d’avoir survécu amènent certains , notamment les déportés juifs, à préférer le silence. Par ailleurs, les Français ne sont pas prêts à écouter les Juifs rescapés car cela aurait impliqué de mettre en cause la responsabilité de l’Etat.
Au contraire, les récits des déportés liés à la résistance permettent à la France de se placer dans le camp vainqueur.
Le flou du statut des « déportés » à leur retour et la spécificité du génocide des Juifs nous interrogent forcément, encore aujourd'hui, sur les raisons d'un tel refoulement.

Une épuration sauvage, durant l'été 1944, se déchaîne contre les collaborateurs : 9000 personnes environ sont exécutées, 20 000 femmes sont tondues ... L'humiliation de la tonte symbolise une France virile mais aussi résistante. Les photographies qui sont prises font parties d'une mise en scène et d'une ritualisation pénitente : défilés dans les rues, simulacres de repentir, tribunaux populaires improvisés, etc. La vengeance, la frustration ou même une forme d'amusement expliquent ces rituels et ces humiliations.
Une épuration légale est mise en place à partir de l’automne 1944. 125 000 personnes comparaissent devant des juridictions comme la cour de justice et la chambre civique. Les responsables du régime de Vichy comme Pétain, Laval, Brasillach sont également jugés. Cependant, De Gaulle tente de rétablir la légalité républicaine dans un contexte d’épuration sauvage.
La tonte des femmes fait partie de l’épuration extrajudiciaire dite sauvage. Cette dernière diminue quand l’épuration judiciaire se met en place. Contrairement aux préjugés, la justice ne fut pas clémente à l'égard des collaborateurs.




L'épuration sauvage en France, document LCP

En 1945, le pays sort particulièrement meurtri et traumatisé du conflit. Le deuil et la nécessaire reconstruction sont au centre des préoccupations. Toutefois, dés la libération, on cherche, sur fond d'épuration,  à célébrer la France combattante.
La mémoire, la présence du passé, se reconstruit en fonction des questions du moment (la mémoire liée à la Seconde guerre mondiale n’échappe pas à cette règle). Ainsi, dés 1945 se met en place un « mythe résistancialiste ». Ce mythe s'appuie à la fois sur le PCF et les Gaullistes. Le PCF se veut le parti des « 75 000 fusillés » et le principal représentant de la Résistance tandis que les Gaullistes revendiquent l’acte fondateur de la Résistance avec l’appel du 18 juin 1940.
La collaboration du régime de Vichy est donc occultée et la Résistance française est survalorisée afin d’intégrer le camp des vainqueurs.


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